Chronique Culturelle de New. Facing My Self a ouvert ses portes au public ce jeudi 07 octobre 2021, en une opportunité magnifique de donner à voir deux univers artistiques contiguës, sans dualité, mais parallèles.
Deux ténors de la scène artistique mis en selle. Pour faire découvrir deux univers créatifs en contraste et en raisonnance idiomatique. Lorsqu’on a franchi la porte d’accès de la Annie KADJI Arts Galery, c’est justement l’impression d’opposition de style qui nous happe. Une opposition qui nous assomme et nous fait marquer un temps d’arrêt suffisant. Ceci avant de nous mettre à la quête de justificatifs de cette apparente dycotomie.
Pour le moins, c’est l’avis émis par une visiteuse de cette exposition et on imagine bien qu’il est partagé par plusieurs autres.
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Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette exposition publique vaut le déplacement. Nazaire BALEP aka KOLO face à ANGU Walters, on dirait un match de boxe opposant deux poids lourds. Cependant l’image d’un duo laconiquement incertain conviendrait le mieux ; avec pour point commun une propension à clamer une africanité conquérante, qui s’abreuve à la SOURCE. Nazaire KOLO décline une œuvre tout en symbolisme et mystère, un zeste abstrait, à dominance naturaliste.
ANGU se promène allègrement dans un graphisme surélevé de figuration abstractive. Dans laquelle la surface de la toile est fragmentée et serpentée de lignes et tonalités chromatiques qui s’entrecroisent, s’entremêlent, soulignant au passage sujets, personnages et situations. Digne élève de NZANTE Spee, de regretté mémoire, ANGU continue à porter haut l’héritage pictural du Maître et mentor.
En tout état de cause, deux générations, deux personnalités, deux écoles de peinture contemporaine se font face, s’observent et consacrent le vivre ensemble, ainsi que l’unicité et l’indivisibilité d’un Cameroun, « land of opportunities ». Sur des thématiques variées mais à l’ascendance Roots, ils campent des quotidiens, des substrats culturels et patrimoniaux bantous éloquents.
Ils évoquent la famille, les mystères de la cosmologie et cosmogonie africaines, ils exaltent l’idéal de paix entre les communautés ethniques que rien ne devrait opposer. Tant elles sont liées par une sorte d’antienne polyculturelle.
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On remarque chez ANGU, dans ce dédale de polyrythmie plurigraphiques et chromatiques, des personnages déclinés. Soit avec des ports de tête ayant la forme d’un masque aux allures longiligne, qui n’est pas sans rappeler celui porté lors de cérémonies initiatiques chez les Bamilikés, dans tout le pays des Grassfields.
Allusion subliminale au lien congénitale, mystique entre les vivants et leurs devanciers. Soit des personnages en portrait, femins ou masculins, avec des coiffures africaines serties de noblesse, soit des scènes de genre dépouillées, décrivant marché, motocyclistes bendskineur dans son entrain quotidien, où simplement des relents affectifs qui fondent la transmission intergénérationnelle (mère/fille ou père/garçon).
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Chez Nazaire KOLO, on a droit à une plongée onirique, tantôt dans le labeur enjoué de femmes battantes, tantôt dans les affres douleureux d’un conflit sanglant dont des cris délirants atténuent difficilement la perfidie, tantôt il va chercher dans le fouillis de tradition séculaire, si ce n’est un clin d’œil aux désillusions d’une immigration africaine vers d’autres horizons prétendument clémentes.
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Une proclamation vivifiante de la puissance d’une Afrique debout et tendue vers l’accomplissement de son destin glorieux, malgré des vicissitudes qui en enlaidissent l’inéluctable ascension.
Un regard croisé tout en couleur et tracé de lignes serpentines, qui conjugue l’unicité de deux Cameroun. Deux Cameroun Chargés du même destin. Celui d’accomplir ensemble le chemin vers l’émergence. Ici, l’art et la culture se posent comme catarxis à l’avanie avec laquelle on tente d’opposer des peuples d’une même patrie. Il se pose également comme exutoire paragonnique du multiculturalisme, actionné comme slogan politique ailleurs. Mais qu’il faille transformer en réalité absolue. C’est avant tout une invite à se regarder en soi-même, pour en extirper ce qui façonne nos traits communs, notre humanité partagée.
Facing My Self se poursuit jusqu’au 12 novembre 2021. À vous d’en franchir le pas de porte et de vous délecter de ce dialogue percutant entre deux seigneurs de la peinture contemporaine camerounaise. N’hésitez pas à vous y joindre, en prolongeant de votre regard admiratif les œuvres extraordinaires qui vous sont servies !
Bon vent à vous, Messieurs les Artistes !