La première édition de Renc’art a tenu toutes ses promesses. En effet, elle a rassemblé des artistes de plusieurs domaines au Restaurant La Baleine à Akwa Paris Dancing en face de Vision Confort. Entre 17h et 20h, les échanges ont permis de cerner tous les contours de la problématique retenue. Grâce au public, au maestro de l’évènement, Merveilne Tapi, et aux panélistes, Zak Ndam, Eric Takukam, Ignace Essounga et Julien Eboko, de nombreuses réponses ont été apportées. Ainsi, à la question : « comment créer une identité artistique pour le développement d’une carrière ? » plusieurs orientations ont été développées.
Définir sa démarche artistique
La première prise de parole de chaque panéliste s’est posée sur la présentation de l’identité artistique. On a pu apprendre que la démarche artistique de Zak ndam repose sur son approche philosophique qui est la spiriculture. Dans ce sens, il représente dans ses œuvres le pouvoir de l’amour afin d’inviter les uns et les autres à cultiver les vertus. Concrètement, il illustre des entités vivantes qui incarnent le partage. Par ailleurs, Eric Takukam adopte une démarche basée sur la transmission des valeurs patrimoniales. Pour la matérialiser dans ses créations, il y incère un ou plusieurs trombones.
Par ces cas de figure, il est ressorti que l’identité d’un artiste
« C’est son emprunte, sa particularité. C’est son esthétique, la manière dont il raconte l’art » (Julien Eboko).
En clair, pour faire carrière, l’artiste doit chercher à avoir un ancrage social particulier et singulier. Il doit apporter quelque chose de nouveau qui émane de son être.
Construire son identité
Avant de se lancer dans l’art avec son originalité, il faut adopter une démarche progressive. Le jeune artiste peut commencer par s’approcher des travaux de ses modèles. Ceux-ci peuvent être accessibles ou très éloignés. Lorsqu’il désire s’orienter vers le même bord artistique qu’eux, il doit se rapprocher d’un mentor. Ce formateur ou guide peut être un professionnel ou un enseignant. Il a pour mission d’aider son apprenti à maitriser les techniques et à découvrir son apport à l’art. De fait,
« Il faut écouter son être car l’art se résume à projeter à l’extérieur ce qu’on possède à l’intérieur »
(Eric Takukam). En d’autres termes, le mentor aide l’artiste à se laisser aller jusqu’au jour où il trouve sa voie.
Après ces étapes d’apprentissage et de découverte exposées par Ignace Essounga, le jeune créateur peut se lancer en tant qu’artiste. Il peut présenter au monde ses textes, ses tableaux, ses sculptures, ses dessins ou ses rythmes selon ses sensibilités, sa vision intime et personnelle de l’art. Le public doit pouvoir percevoir son authenticité pour arriver à le dissocier des artistes qu’il connaît. Cependant, l’artiste doit garder à l’esprit que la construction d’une identité est un processus.
Implanter son identité au-delà des tendances
Comme tous les domaines d’activité, l’art connaît plusieurs tendances. Toutefois, l’artiste ne doit pas se laisser emporter par elles. Il peut s’adapter en intégrant de nouveaux éléments dans son style. Il est en effet important de se rappeler que « La tendance passe mais l’identité reste. Il faut donc évoluer en restant authentique » (Julien Eboko). Un artiste ne devrait chercher à faire le buzz s’il veut s’imposer et être respecté. D’ailleurs le buzz ne garantit pas le succès. Il est préférable d’« avoir une vision forte, de garder l’humilité, de se libérer soi-même, de faire ce qu’on aime et l’univers se chargera de l’autre » (Zak Ndam).
S’entourer des bonnes personnes
« Nos regards, nos petits jeux de mots d’encouragement participent aussi à booster la carrière d’un artiste ». C’est en ces termes que Zak Ndam a présenté l’influence que l’entourage peut avoir sur le progrès d’un créateur. Par ailleurs, en racontant leur expérience en tant qu’artistes ou proches d’artistes, certains intervenants issus du public ont insisté sur la nécessité d’un véritable accompagnement.
Abraham Nana par exemple a condamné l’inaction des politiques. D’après ce responsable de la communication à l’Institut Français du Cameroun de Douala, « C’est difficile de parler de carrière artistique, puisque les artistes n’ont pas de statut. C’est aux politiques de mettre sur pied une stratégie, une politique pour permettre aux artistes de développer leur art ». Du fait de ce handicap, les artistes doivent selon lui se rassembler et parler d’une même voix. En formant une équipe forte et solidaire, ils pourront forcer la main des politiques et faire avancer les choses dans leur domaine.
De plus, pour faire du profit, il est impératif d’avoir le soutien des managers, des promoteurs de l’art et des investisseurs. Sachant que « le talent seul ne suffit pas » comme l’a signalé une personne dans le public, il faut constituer une équipe. Dans ce groupe, il faut avoir des personnes qui ont été formées pour développer la carrière des artistes. Selon les propos de l’artiste Tally Mbok
« pour faire une carrière, il faut créer du profit avec ce qu’on fait…le rôle des artistes n’est pas de générer de l’argent…ce sont des créateurs de pensée…il faut chercher des gens qui sauront comment s’immerger dans la vie des artistes pour développer leur carrière ».
Ceci dit, la première édition de Renc’Art a effectivement mis l’artiste à l’honneur. Elle a permis de parler des métiers de l’art et de dévoiler les difficultés rencontrées par les artistes. Comme l’a déclaré Etienne Talla, le patron de Tallart Group, Renc’Art promet des rencontres régulières entre les artistes et leur public. Il se déploie déjà pour organiser la prochaine édition autour d’un nouveau thème.