Le 27 mars 2021, la deuxième édition des IWA (Intimate Words/World of Artists) a tenu ses promesses de rencontre et de partage entre les artistes et son public au Somewhere. Ceci a été possible grâce à ses organisateurs : David Tchidjé, Étienne Talla et Souleymane Guindo. Afin d’assurer un moment d’échange convivial, elle a connu une présence remarquée de son partenaire officiel le Groupe SABC.
Elle a surtout permis de découvrir une partie de l’intimité de quatre artistes en pleine ascension. Roméo Temwa, Hako Hankson, Wanko Cubart et Ernis Clémence se sont livrés à travers leur art. Sous le rythme de la guitare de Brad leur intervention a été ponctuée par la prise de parole de deux artistes précédemment présentés aux IWA.
Ainsi, comme à son habitude, Zak Ndam a émerveillé l’audience par un discours profond visant à présenter son courant artistique : la Spiriculture. Pour sa part, New a présenté en hommage les réalisations de trois artistes emblématiques des arts visuels au Cameroun : Viking, Ginette Daleu et Gody Leye.
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Hako Hankson le sage
Hako Hankson est un autodidacte qui s’est ouvert avec un tempérament calme. Suivant les pas d’un père sculpteur, il a fait ses premières œuvres durant son adolescence. Dans les années 1992, ses dessins prenaient forme grâce à un travail régulier. Mais, c’est entre 1995 et 1996 qu’il passe professionnelle en se faisant connaitre par d’autres artistes. C’est ainsi qu’il rencontre un collectionneur et vend ces premiers travaux à Douala. Actuellement, ses clients se compte dans de nombreux pays : France, Sénégal, Suisse, Afrique du Sud et Corée du Sud.
Avec plus de trente ans dans le métier, Hako Hankson est une véritable source d’informations pour tout amateur d’art. En chantre de l’histoire, il a adopté tout au long de sa présentation, une posture de patriarche. D’ailleurs c’est une image et un caractère constamment présents dans ces travaux.
Roméo Temwa le reservé
Fils d’un ingénieur de travaux public, Roméo Temwa a nourri depuis son enfance un intérêt constant pour le dessin. Actuellement en exposition au Carré des artistes à Bonapriso, il a suivi une initiation académique à l’Institut des Beaux-Arts de Foumban. Mais sa plus grande école a été le terrain où il a pu peaufiner un style et une identité artistique particuliers.
Il s’est montré assez réservé au début de son passage. Grâce à l’obstination de Sylva Ebelle, il s’est détendu progressivement et a pu livrer un peu de sa vie loin de sa vie d’artiste. Son statut de célibataire a attiré la curiosité d’un public attentif. En parlant de ses rapports familiaux, on a découvert un Roméo Temwa plus à l’aise et fier de sa famille.
Si je n’étais pas un artiste plasticien peut-être serais-je footballeur […] Je joue au fort mais je suis un peu renfermé intérieurement.
Roméo Temwa (artiste plasticien)
Ernis Clémence la lyrique
Ernis Clémence s’est présentée comme une poétesse, une slameuse et une dramaturge. Ses textes sont empreints d’un vif lyrisme dans lequel plusieurs personnes peuvent s’identifier. Elle se fait connaître du grand public en 2017 lorsqu’elle devient lauréate du concours de poésie jeune auteur organisé par le Ministère des Arts et de la Culture. Même si c’est la poésie qu’il la dévoile, c’est avec le théâtre qu’elle envisage de porter la casquette d’auteur pour ses débuts d’écrivaine.
Le slam proposé aux IWA était profondément sentimental. Il la révélé éloquente et expressive. Telle une parolière à la fois intimiste et extravertie, elle s’est mise en scène par un texte aux allures enjoués. Le public a vu en elle une jeune femme accessible qui manie aisément les lettres.
Il y’a un lien très étroit entre la poésie, le slam et le théâtre. La poésie qui avant était élitiste; la poésie qui se disait dans des salles assez closes, est allée dans la rue, s’est matérialisée sous la forme du slam. Et pour dire le slam, il faut mettre un certain, nombre d’émotions. Il faut habiter le slam et transmettre ces émotions au public qui nous écoute çà et là. C’est ainsi qu’intervient le théâtre. Donc tous les trois se complètent.
Ernis Clémence (poétesse, slameuse et dramaturge)
Wanko Cubart le citadin
Wanko Cubart est un artiste plasticien dont la plupart des travaux porte une visée esthétique. Il investit les rues qu’elles soient chaotiques ou pas. Il en ressort avec des images tout en couleur. Cette démarche lui permet de fixer toute la vie que portent les rues des grandes villes. Son parcours est celui d’un aventurier. Pourtant, il sait se faire discret et effacé.
Au-delà de l’artiste qu’il incarne, le public des IWA l’a vu ouvert aux interrogations. Wanko Cubart a présenté son parcours. Son audience a pu retenir entre autre qu’il a tout quitté à Bafoussam pour s’installer à Douala. Néanmoins son penchant pour les métropoles reste actif. Il le représente sur ses tableaux en insistant sur la proximité entre les choses et les personnes qui y vivent.
À tour de rôle, Houajié Nkouonkam et Sylva Ebelle ont cuisiné ces artistes sur leur intimité. Par leurs questions souvent insistantes, ils ont participé à lever le voile sur leur vision de l’existence. C’est sous la promesse d’une troisième rencontre meilleure que David Tchidjé a clôturé cette deuxième édition des IWA.