Manu Dibango a brisé sa guitare mardi 24 Mars 2020. La pandémie coronavirus (Covid-19) venait d’emporter sur son passage ce musicien camerounais à l’age de 86 ans. Légende de la musique africaine, il connaissait un succès planétaire avec ses œuvres parmi lesquelles « Soul Makossa ». Avec son saxophone, il faisait groover, sur des rythmes africains, la terre toute entière.
Au Cameroun, peu d’artistes utilise de la craie pour produire des tableaux sur des toiles et sur d’autres supports. Pourtant, cette technique crée des rendus remarquables. D’ailleurs aux États-Unis, les adeptes du Street-art utilisent cet objet pour décorer de manière surprenante les rues.
Kobe Williams magnifie les toiles et les tableaux pour le plaisir d’un public en quête de différence. En tant qu’artiste, il cherche à travers ses œuvres à transmettre des sensations et des émotions. Ses œuvres s’inscrivent dans la réalité du vécu quotidien et dans l’histoire qu’il incarne. Chacune possède un message avec des codes assez clairs pour participer à la compréhension de la société, du monde ou encore de la pensée de l’artiste.
Kobe Williams privilégie la craie à la peinture. Il use du réalisme et de l’abstrait sur un tableau au fond noir. Avec une craie et un tableau, Kobe rend un hommage unique à Manu Dibango. Ici, le saxophoniste a le regard rivé vers les cieux et son objet de passion délicatement couché sur son épaule droit.
Ce travail est en bichromie. Le fond dépouillé donne l’impression que Manu est dans un studio photo. L’espoir/l’inquiétude se lit sur le visage de Manu. Il paraît questionner l’avenir du Soul Makossa dont il est le géniteur depuis 1973. Il est inquiet et calme sur ce portrait mais pourquoi ? On ne saurait le dire avec exactitude. Les touches sont de nappes verticales avec des couchés blanchâtres s’éclatant sur l’absence de couleur.
Les droites verticales et horizontales misent entre elles forment l’emblématique saxophone de Manu Dibango. À l’aide de ses doigts et de la craie, le dessinateur fait des effets circulaires donnant forment à six boutons sur le saxophone. Il rejoint ainsi Ba Cyril son confrère ivoirien. Les six boutons font le parallèle avec les six continents du monde. Kobe Williams se réfère aussi au chiffre trois en marquant « R.I.P » pour rendre ses hommages. L’artiste souhaite un doux repos à son idole qui garde une influence considérable dans la perfection de son art.
Manu Dibango fait partir des premiers visages que Kobe Williams a dessiné à ses débuts en 2016.