Ne vous fourvoyez pas, il ne s’agit pas de moi mais de la toute première BD de Eitel Issoukou alias Reezbo rappeur du groupe AK’SANG GRAVE. C’est un délicieux récit imagé et mis en scène par Felix Fokoua.
Globalement, on peut retenir que Reezbo peint de manière plus ou moins explicite l’atmosphère socio-politique dans la plus par des pays de l’Afrique Francophone. Le récit d’anticipation qu’il propose vise clairement à éveiller les consciences. A travers l’histoire imaginaire de Mamoun, il invite chaque citoyen à voter librement sans se laisser corrompre par des politiciens véreux.
Mamoun est en effet un jeune homme nouvellement diplômé et plein de rêve au début de son histoire (2005). Il se lance donc à la recherche d’un emploi décent. Malheureusement, les années passent et il continu à subir le poids du chômage. À 35 ans, il vit toujours chez ses parents avec à sa charge une femme et un enfant. Mamoun, ne supporte pas le fait d’être entretenu par son père. Il sombre vite dans l’alcoolisme car il désespère de trouver un peu d’argent pour prendre soin de sa petite famille.
En pleine période électorale, il se fait approcher par un collaborateur du président sortant. Ce dernier lui propose quelques billets d’argent pour voter son candidat autant de fois qu’il le pourra. Mamoun saisit cette opportunité. Quelques années plus tard, la fille de Mamoun tombe malade mais ce dernier manque de l’argent pour ses soins. En plus, sa mère décède dans un bus à cause du mauvais état des routes. Par la suite, son père passe l’arme à gauche suite à une crise cardiaque dus à l’annonce de la suspension de sa pension retraite. Une fois de plus sans ressource, Mamoun entreprend le chemin de l’aventure. Il survit à un enlèvement et est rapatrié. De retour au pays en 2025, il se rend compte que le candidat pour qui il avait vendu son vote se représente une énième fois aux élections présidentielles.
Pour mieux faire passer le message, Felix Fokoua met ses talents de dessinateur à contribution. Dès lors le récit prend des allures de BD haut en couleur et dynamique. Sur le visage des personnages principaux, il met l’accent sur le sentiment de désespoir ou de tristesse. Ces derniers représentent le citoyen moyen qui voit au fils du récit tous ses rêves partir en fumée à cause d’un mauvais choix de vote. Felix Fokoua illustre des scènes dramatiques reconnaissables parmi mille à l’instar des scènes de corruption et d’accidents mortels. D’ailleurs, chaque camerounais en particulier peut s’identifier aux images qu’il présente. Au terme du récit de Mamoun, Reezbo interpelle le lecteur à travers cette question : « Et vous que feriez-vous comme choix à la place de Mamoun ? ».
Au final « J’ai vendu mon vote » est un texte engagé. C’est un appel qui trouve un écho considérable dans le contexte électoral qui prévaut actuellement au Cameroun.
Retrouvez la BD ici J’ai vendu mon vote
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RUTH ADJOU (Contributrice).