On ne saurait terminer cette longue litanie de noms qui hissent leur talent au superlatif, sans évoquer quelques uns appartenant à la gente féminine, bien qu’évidemment moins nombreuses à se risquer dans cet univers par trop élitiste. Des figures d’excellences telles que : Marie Marcelline FOUDA, NGO BALLOGOG Rose Devitelle, Justine GAGA, Ginette DALEU, Edwige NDJENG, Eliane BITJOKA, AWA MAZONGUI (originaire du Congo, mais dont la carrière a connu son plein envol au Cameroun aux côté de deux monstres sacrés, Samuel DALLE et Christine TSALA, avec qui ils ont formé le Collectif Cocorico), Éliane BITJOKA, Chrystele Alice, Gabrielle BADJECK, Bienvenue FOTSO…
Rassurez-vous ! Elles sont encore plus nombreuses à avoir tout autant que celles déjà citées des propositions artistiques fortes intéressantes. Mais les défaillances de la mémoire en raccourcissent malheureusement la liste. En revanche, pour les faire honneur à elles toutes, comme pour les messieurs, faisons plus amples connaissance avec ne serait-ce que de l’une d’entre elles. Un tour d’horizon de la gent féminine artistique contemporaine camerounaise ne saurait se faire, sans évoquer l’une de celles qui a écrit de très belles pages de ce noble art, à savoir Ginette DALEU. Juste un petit bout de femme, mais à la tête bien pleine. L’une des premières promotionnaires de l’IFA de Mbalmayo, elle s’est très vite tracé un chemin, certes sinueux au milieu des hommes de valeur, voguant toujours plus vers l’excellence, suscitant au passage tant de vocation et de passion.
Ginette a su construire une palette extrêmement riche et variée, nourrie au départ par l’école d’art contemporaine italienne, mais qui en s’affinant s’en est détachée pour se singulariser de façon exceptionnelle. Elle sait manier avec subtilité différents styles artistiques, allant du réalisme au pop’art, en passant par une certaine abstraction. Toujours dans une quête permanente d’expressivité, elle se nourrit, autant qu’elle nourrit sont art de sommes d’expérience, de réalités rencontrées ça et là aux détours de ses très nombreux déplacements pour représenter le Cameroun aux quatre coins du monde. Elle leur donne vie de manière empirique sur la toile enrichie très souvent de collage de matériaux ordinaires, mais qui en rajoutent à la sublimité de formes traités, de lignes tracées, de couleurs enchevêtrées, de perspectives dégagées, pour traduire des sortes de processions urbaines enjolivées.
Elle n’a pas finit de conquérir tous les cœurs amoureux des arts visuels, cependant qu’elle a achevé depuis des lustres de conquérir une place de choix dans l’univers très sélect des arts contemporains qui rayonnent si bien au Cameroun vers le monde entier.Elle a été l’une des sommités parmi des artistes d’ici, dont les créations tutoient en termes de valeur celle des plus grands d’ailleurs, mais qui du fait de la vacuité ambiante qui entoure les secteurs créatifs, sont moins consommées à l’intérieur du pays. On préfère généralement aux chefs d’œuvres d’ici de pales copies fabriqués ailleurs, pour peu qu’elles soient estampillés de quelques griffes ou de créateurs d’Occident. Pourtant dans des conditions parfois extrêmes, pour ceux qui sont restés ici, ils rivalisent d’adresse pour offrir au monde une richesse esthétique hors du commun et être ainsi des ambassadeurs parmi les plus dignes du Cameroun dans leur domaine d’expression respectif.
Ginette DALEU aura vécu telle une étoile filante et mieux qu’elle, ses œuvres inscrites dans le marbre du temps, sont comme cette trainée de poussières interstellaires qui s’échappent de cette Evanescence douloureuse et emprunte d’espoir. À l’art et aux artistes !